Vérité et réconciliation au Canada – Une réflexion du fondateur Michael Sacco

Bonjour Chocosolistas :
Alors que je m'assois pour vous écrire quelques pensées méditatives sur le travail de vérité et de réconciliation au Canada, commençons d'abord par reconnaître que la terre sur laquelle nous sommes assis, nous nous tenons et travaillons est la terre traditionnelle des Haudenosaunee, des Anishnabig et des millénaires d'autres peuples autochtones de l'île de la Tortue dont l'histoire orale est encore en train d'être redécouverte.
Lorsque les colons européens sont arrivés en Amérique du Nord, ils n'auraient pas survécu sans l'aide des peuples autochtones, et c'est là l'origine de notre tradition de l'Action de grâce. Cependant, l'Action de grâce est avant tout une adresse qui nous rappelle de commencer tous nos rassemblements et cérémonies par les mots qui précèdent tous les autres… les mots d'action de grâce… ces mots qui nous rappellent d'être profondément reconnaissants pour le don sacré et magnifique de la vie, et de travailler ensemble dans un esprit positif pour cultiver la beauté de la création. Cet enseignement fondamental est une porte d'entrée vers la compréhension des modes de connaissance autochtones. Le Traité " Dish with One Spoon" reconnaît le territoire partagé et le droit à la dignité des différents peuples autochtones à y vivre. Cependant, ce même traité a servi à encadrer les relations entre les Européens et les nations autochtones. Il y a deux ans, lors d'une visite à l'aîné mohawk Tom Porter dans sa demeure traditionnelle de New York, nous a fait visiter sa vallée ancestrale et nous a transmis de nombreux enseignements oraux. L'un d'eux concernait le traité conclu avec les Européens par ses arrière-arrière-grands-pères, chefs de la nation mohawk. Tom nous a raconté comment, après une période de partage des terres, les Européens sont venus et ont demandé à pouvoir prendre un peu plus que ce dont ils avaient directement besoin. Ils ont reconnu que cela n'était pas conforme à l'esprit des traités de partage initiaux et, pour cette raison, ils ont proposé un traité qui indemnisait les communautés autochtones pour avoir pris plus que ce dont elles avaient besoin pour leur communauté directe. Cet enseignement et cette histoire orale m'ont ouvert les yeux sur une partie de cette compréhension historique du respect des traités et de la restitution aux Premières Nations.
La nouvelle fête nationale d'aujourd'hui est particulièrement troublante pour de nombreux Canadiens d'origine non autochtone. Il est impératif pour tous les descendants de colons de se pencher sur le passé colonial du Canada et sur l'histoire génocidaire de l'État, des institutions et des communautés de colons. Ces actes terribles, injustes et douloureux de souffrance systématique, de torture et d'attaques institutionnelles contre la culture autochtone, comme les pensionnats dirigés par l'Église catholique, sont des cicatrices douloureuses et hideuses dans l'histoire du Canada. Ce n'est qu'avec la découverte des corps de ces pauvres enfants que nous, en tant que nation, prenons la décision d'aborder ces histoires avec vérité et douleur. Cela fait partie de la « vérité » de la vérité et de la réconciliation. Je dirais que la culpabilité n'est pas la première étape appropriée, mais plutôt avoir le courage et l'empathie nécessaires pour voir les taches noires de notre histoire et élever la culture et les savoirs autochtones à une place d'honneur.
En tant que Canadiens, nous sommes nombreux à peiner à comprendre comment célébrer cette journée et comment l'utiliser de manière productive pour faire avancer nos espoirs de vérité et de réconciliation. Ouvrir les yeux sur la terrible histoire et les souffrances persistantes de ces héritages est une première étape essentielle. Déstabiliser le colon et reconnaître notre devoir d'être des alliés dans ce mouvement social et politique, j'encourage tous les chocosolistas à s'engager personnellement et professionnellement.
D'autre part, n'oublions pas d'entretenir un lien réel et personnel avec cette connaissance. C'est de cette relation que naîtra une réconciliation profonde et apaisante.
Gustavo Estave et Wayne
Au cours des dix dernières années, alors que je préparais ma thèse de doctorat en études autochtones à Trent, j'ai eu l'occasion de méditer profondément sur ces questions. Ces vingt dernières années, j'ai eu la chance d'être encadré par de nombreux aînés autochtones du sud du Mexique, comme Gustavo Esteva et notre bien-aimé Don Flor, décédé la semaine dernière.
Personnellement, je vois l'importance non seulement d'être un allié, mais aussi, sur le plan personnel, d'être un bon ami, un bon aidant et un bon apprenti. L'amitié n'est pas une construction politique, c'est un don qui brise les barrières sociales, politiques et culturelles qui nous séparent. L'amitié nous transforme, et plus encore lorsqu'elle est un dialogue interculturel et une rencontre ancrée dans l'amour et le respect. J'encourage tous les chocosolistas à utiliser notre formidable réseau d'amitié ici en Ontario, au Mexique, en Équateur et au Pérou pour approfondir notre solidarité et transformer nos vies grâce à des rencontres et des relations personnelles.
En ce jour, n'oubliez pas d'offrir du tabac, de brûler du cèdre, de la sauge, de tresser et d'offrir du foin odorant en mémoire de ces enseignements et de ces vérités, ainsi que d'autres. Ne simplifiez pas ces enseignements, qu'ils soient difficiles ou beaux. Souvenez-vous que l'histoire, comme le présent, ne se résume pas à un simple récit, et efforcez-vous de conserver les vérités et les nombreuses voies de réconciliation présentes dans nos vies et nos actions de manière à ce qu'elles perdurent, c'est-à-dire à évoluer et à réévoluer. Chez Chocosol, nous vous encourageons tous à prendre le temps aujourd'hui de méditer et de reconnaître ces enseignements et ces connaissances dans un rituel et une cérémonie personnels qui incarnent votre façon de vous confronter à ces questions.
S'il vous plaît, unissons-nous en tant que communauté d'apprentissage et entreprise sociale pour proposer les moyens par lesquels nous souhaitons désormais honorer, reconnaître et participer à cet important travail. Je suis reconnaissant de l'opportunité d'apprendre avec vous tous et de partager ces relations exceptionnelles avec les aînés et les détenteurs du savoir autochtones que mon travail chez ChocoSol m'a permis de cultiver depuis plus de 20 ans.
Aujourd'hui, mes pensées vont à mon bien-aimé aîné et père tojolobal de la jungle, Don Florentino Gomez. Don Flor, tu étais un homme de parole généreux et sage. Tu aimais la terre et la terre prenait soin de toi. Tous ceux qui venaient chez toi étaient traités avec amour et respect et partageaient ton humble hospitalité. Je suis profondément attristé pour ta famille, maintenant composée de quatre générations sous une même maison, qui t'a perdu dans ce monde. Aujourd'hui, nous t'honorons sur nos autels et dans nos cœurs, et nous racontons tes histoires en souvenir de toi. Notre petite entreprise sociale et notre communauté d'apprentissage n'auraient pas été les mêmes sans toi, ta profonde sagesse et ton amitié. Nos cœurs se brisent lorsqu'ils débordent d'amour et de gratitude, et ta manière d'être profonde et traditionnelle me rappelle le pouvoir transformateur de l'amitié et de la solidarité interculturelle. Puissent la bonne terre, le bon cœur et la bonne volonté de ta générosité s'épanouir longtemps dans cette œuvre et cette mission significatives que nous entreprenons et continuons d'entreprendre en ta mémoire. Aujourd'hui, c'est aussi l'anniversaire de notre cher Wayne Roberts, qui est désormais un jour férié national. Le premier anniversaire de Wayne sans lui est un jour doux-amer, et notre bien-aimé aîné Wayne serait fier et honoré de partager cette journée. Wayne me rappelle personnellement de voir la beauté et l'opportunité de favoriser des relations interculturelles profondes et significatives alors que nous luttons pour la vérité, la réconciliation et un avenir écologique spirituel abondant. Gardons ces enseignements et ces aînés près de nos cœurs tandis que les actions de grâces et le jour des morts s'écoulent, et ne les limitons pas à un seul jour par an.
-Michael Sacco
Responsable de la communauté d'apprentissage et de l'entreprise sociale ChocoSol.
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